vendredi 30 avril 2010

À nous Lisbonne !

À nous Lisbonne ! Mais Lisbonne à l'heure de pointe... à moins que ce ne soit toujours ainsi. Le rond-point de la place Marquês do Plombal était saturé et il fallut un peu de patience pour atteindre l'hôtel. Mais c'est fait maintenant et on peut se remémorer tranquillement les visions de la journée.

Sintra, près de la côte atlantique, est bien protégée par des montagnes et jouit ainsi d'un climat très favorable. Cela en fit un endroit fort prisé de la noblesse d'abord, puis de la bourgeoisie assez riche pour s'y installer. Il en reste des palais dont le Palacio Natiònal complété par Manuel Ier depuis des origines datant du XIIe siècle. Plus loin, un domaine dont la forêt quasi-luxuriante cache un château plus récent, tandis qu'ailleurs un autre bâtiment extravagant de colonnes sculptées, de détails d'architecture aussi denses que des enluminures ou des broderies est né du rêve d'un riche propriétaire au début du XXe.




En quittant Sintra, nous nous sommes approchés au plus près de chez-nous tout en restant en Europe: Cabo do Roca serait le point le plus à l'ouest du continent. Un petit détour sur la route qui en valait bien la peine pour les paysages, les falaises, les vagues qui, venues d'Amérique ( ! ) attaquent bruyamment les rochers. De là, les paysages changeant de la côte se succèdent jusqu'à Lisbonne: tantôt une plage balayée par le vent que rejette le sable jusque sur la route est animée de dizaines d'amateurs de surf à voile; ailleurs la mer s'engouffre dans le Boca do Inferno - les bouches de l'enfer -, tandis que des pêcheurs lancent leur ligne tout près; à Estoril juste avant Lisbonne, une plage est envahie de baigneurs, certains en «wet-suit», d'autres avançant un pied - frileux sans doute - dans les vagues tandis que la plupart jouent au ballon-volant ou grillent simplement sous le soleil et le vent.

Car le Portugal que j'apprends à connaître est le pays du vent qui semble souffler sans répit. Mais les Portugais ont bien appris à le dompter car les éoliennes coiffent immanquablement toutes les crêtes qu'on aperçoit de la route. Elles ont quand même une certaine élégance avec le mouvement paisible de leurs trois pales. Si on trouve si romantiques les moulins traditionnels aux bras de toile, peut-être ces éoliennes deviendront-elles les symboles de l'ingéniosité et de l'adaptation des hommes du XXIe siècle. Car on ne peut pas bénéficier de tous les avantages de l'électricité, de l'industrialisation, de l'électronique en imposant aux autres les inconvénients qui en découlent.

jeudi 29 avril 2010

Autour de Nazaré

De Nazaré, les sites intéressants sont faciles à joindre. D'abord Batalha, qui signifie «bataille», un monastère fondé à l'occasion d'une victoire des Portugais sur les Espagnols au XIVe siècle. C'est un chef d'oeuvre de l'art manuélin qui, à partir d'une architecture gothique, complète les bâtiments d'une dentelle de pierre. Pourtant ce qui, à chaque fois, m'étonne le plus, c'est l'énergie, l'engagement, la foi qui ont présidé à ces réalisations. Cette civilisation qui a bâti de tels chefs-d'oeuvre s'éloigne de plus en plus de nous. La logique marchande et la consommation immédiate sont peu compatibles avec de tels projets, en particulier chez-nous, me semble-t-il. Car ici, on semble encore capable de créer de beaux bâtiments, de belles structures. Entre autres, j'ai vu des ponts d'une élégance inconnue dans notre monde, des viaducs, des tunnels dont les coûts nous auraient rendus certainement frileux, pour ne pas dire congelés. Et pourtant, ces ponts et viaducs tiennent toujours debout! Les autoroutes quadrillent le pays à 120 km/h sans être transformées en boulevards urbains avec des sorties à tous les kilomètres. C'est donc le royaume des Mercédès, BMW et Audi, car 120 semble être leur vitesse minimale. Alors même dans une Hyundai i30, la conduite est un plaisir qui touche au sport.


Pourtant, de Batalha à Alcobaça, le GPS nous a signalé une petite route de terre à faire damner Germaine et vouer aux gémonies tous les GPS de la terre. Nous avons quand même trouvé ce monastère de style cistercien nous dit-on, c'est-à-dire, très dépouillé, l'envers de Batalha. Heureusement la pâtisserie Alcoa que nous a recommandé le Routard est située juste en face du monastère: elle devient presque le clou de notre journée, jusqu'à ce qu'on découvre le village d'Obidos.

Obidos: un village presque hors du temps avec sa forteresse qui domine des rues étroites, des passages en escalier, des places minuscules. Les bâtiments qui semblent tirés du moyen-âge, étonnent par leurs arêtes peintes en bleu ou en jaune se découpant sur le fond blanc de la chaux. Pourtant, le village semble aussi jeune que lorsqu'il fut donné en cadeau de mariage à Isabelle d'Aragon par le roi Denis. Du moins, c'est ce qu'on nous dit!
De Le Portugal... en passant par l'Espagne

mercredi 28 avril 2010

Vers Nazaré

Le concert de fado se termine à peine tout à côté de la salle à manger qui domine la mer. La voix de la chanteuse a porté l'âme du Portugal et nous a transmis son émotion. Ce fut un épilogue fort apprécié à un repas mémorable et à une longue route qui nous a menés de Porto à Nazaré au bord de l'Atlantique.

Les étapes le long de l'autoroute méritaient le détour. D'abord la mata do Baraço, une forêt dont les origines remontent jusqu'au VIe siècle, embellie par la suite de plantes plus exotiques par les bénédictins et les carmes. Le pavillon de chasse du roi Charles est devenu un hôtel: un rêve. Les sentiers de la forêt permettent de découvrir une végétation importée d'aussi loin que des îles du Pacifique ou des constructions comme l'escalier de la Fonte Fria qui alimente l'étang des cygnes.




L'hôtel Miramar Sul, tout neuf, nous reçoit au bout de cette route. Sa piscine se fait accueillante, à peine fraîche, et le porto rosé acquis chez Croft, son producteur à Vila Nova de Gaia, est délicieux sur la terrasse devant la mer.

mardi 27 avril 2010

Un porto pour deux

Porto, jour deux: tel qu'envisagé en préparant ce voyage, la (re-)découverte du Douro est à l'ordre du jour. Nous voilà donc sur la route qui longe la rive droite du Douro. Le parcours offre une certaine vision du pays, plus prévisible peut-être. Ici les maisons sont fort bien aménagées et entretenues, là, ce sont des signes qui nous semblent de la pauvreté, là encore ce sont des bâtiments abandonnés, en ruine. Mais les vues en plongée sur le fleuve sont saisissantes.

Quand nous traversons le Douro au barrage de Carrapatelo, nous sommes déjà à près de soixante kilomètres de Porto. Là le paysage commence à changer. Les villages grimpent dans les collines et s'entourent de vignobles, mais c'est encore loin des étonnantes quinta du Haut Douro. Inutile d'aller plus loin, nous préférons rentrer à Porto et redécouvrir quelques coins oubliés de la ville.

Première découverte, une librairie dans laquelle un splendide escalier en forme de double huit mène à l'étage. Un vitrail orne le plafond et des boiseries admirablement travaillées entourent les étagères chargées de livres. L'atmosphère incite à la découverte des livres et, si ce n'était de la langue, il me semble qu'on y bouquinerait des heures.



Mais d'autres plaisirs nous attendent à Vila Nova de Gaia. Les caves de Taylor, ses tawnys et vintages, ses chais et son immense (faut-il encore utiliser ce mot ?) tonneau de cent mille litres de porto nous attirent. La dégustation devient l'apéritif pour un souper en terrasse sur les bords du Douro, tandis que le soleil descend. Quoi de mieux pour terminer la journée qu'un dessert au mythique café Majestic, sur la Santa Caterina (c'est de toute évidence une sainte fort propice au commerce !), accompagné bien sur du digestif approprié, le vieux tawny de la cuvée spéciale du Majestic. À votre santé !

lundi 26 avril 2010

Découvrir Porto

Découvrir Porto du haut d'un autobus à impériale est une expérience fascinante. C'est le choix que nous avons fait pour éviter de gravir toutes les collines de Porto et surtout ce fort dénivelé jusqu'au Douro. C'est aussi un moyen fort efficace d'explorer des endroits que nous n'aurions pas découverts par nous-mêmes, quitte à retourner aux endroits les plus intéressants, d'autant plus que notre forfait est valable pour deux jours et permet de monter et descendre de l'autobus à volonté.
De Le Portugal... en passant par l'Espagne


C'est ainsi que nous avons exploré la ville qui s'étend jusqu'à l'Atlantique avec son Castelo do Queijo, l'un des forts qui gardent l'entrée du Douro. Le long de la route, de magnifiques maisons entourées de murs couverts de glycines, de jardins et d'arbres fleuris qu'il nous est permis d'admirer du haut de notre autobus. Au retour, nous longeons la mer puis la rive nord du Douro occupée par une longue promenade, ici par des plages, là par des parcs.

Retour vers la place de la Ribeira, sur les bords du fleuve. C'est là qu'on observe ces bateaux si typiques qui ramenaient du Haut Douro les barils du vin qui sert de base au porto. Certains de ces bateaux sont maintenant reconvertis pour le plus grand plaisir des touristes dont nous sommes. Nous voilà donc embarqués pour cette longue excursion sur le fleuve qui nous fait découvrir la ville d'un autre angle, en passant sous les nombreux ponts qui relient les rives. Ils sont tous admirables, qui pour leur puissante structure de métal à deux niveaux conçus avec la collaboration de Eiffel, qui pour la ligne aérienne de leur béton.

Dernier arrêt de l'autre côté du fleuve, les entrepôts de Vila Nova de Gaia qui rassemblent tous les grands éleveurs de porto. Dans l'atmosphère contrôlée naturellement de ces voûtes, le porto vieillit plus ou moins longtemps selon la qualité de la récolte. Seules deux ou trois années par décennie méritent d'être millésimées et de se bonifier encore pendant dix, vingt ans et parfois plus. Les barils s'entassent en rangs bien ordonnés sur plus de cent mètres, chacun soigneusement étiqueté. La dégustation qui suit n'en est que plus appréciée, suffisamment pour espérer en ramener quelques bouteilles à la maison.

dimanche 25 avril 2010

De Lamégo au Portugal

C'est dimanche le 25 avril et les fidèles se pressent autour de Las Senhora dos Remedios. Après un dernier regard sur son monumental escalier qui fait sûrement plusieurs centaines de mètres, à partir du centre de Lamégo en contrebas, nous partons découvrir les vignobles du Haut Douro.

Déjà la route qui s'accroche dans les falaises avant d'atteindre le fleuve nous dévoile les premiers vignobles. Et là, plus visible sur la rive opposée, l'étendue des domaines nous surprend: toute la montagne d'une hauteur impressionnante est parcourue des rangs de vignes bien accrochées aux fils de fer qui guideront les sarments qui pointent à peine.

Nous traversons le fleuve à Péso da Régua pour atteindre Vila Real et, tout à côté, Mateus et son manoir. Il appartient à la famille Albuquerque depuis le XVIe siècle et surtout, il s'entoure de jardins ciselés en formes minutieuses. Ici et là, les arbres en fleurs éclairent les jardins. Sauf le magnolia et peut-être un pommetier, leurs espèces m'échappent car ils ne survivraient pas au froid de chez-nous.

En route vers Pinhoa sur les bords du fleuve, toute la patience et l'âpreté des Portugais se dévoilent par le travail exigé pour découper toutes les montagnes en terrasses supportées par des murets de pierre. Presque partout les vignes y prospèrent, parfois de vieux ceps tordus et sombres, parfois de jeunes plants émergeant à peine de leur gaine de plantation. Parfois aussi quelques vergers d'oliviers ou d'amandiers en fleurs bien sûr. Le printemps au Portugal est vraiment la saison des fleurs qui semblent s'épanouir sans retenue, sauvages le long des routes et dans les champs, plus riches encore autour des maisons.

De Pinhoa, nous longeons la rive gauche du Douro, découvrant les quintas qui font la célébrité de la région. Certains noms sont connus: Sandeman, Ferreira; d'autres semblent non moins prospères en cultivant ces raisins qui seront vinifiées ici avant d'être ramenés à Porto pour être élaborés en son célèbre nectar.
De Le Portugal... en passant par l'Espagne

samedi 24 avril 2010

Arrivée au Portugal

Une deuxième journée de longue route doit nous mener de Mérida en Espagne jusqu'à Lamégo aux portes du Douro au Portugal. Mais au passage rien ne marque la frontière, si ce n'est le changement de fuseau horaire. La même autoroute se poursuit jusqu'à ce qu'on doive la quitter et prendre une direction nord. C'est un premier regard sur le Portugal alors qu'on traverse des zones agricoles verdoyantes et fleuries en cette saison, puis de petits villages aux rues étroites recouvertes de pavés. Ici et là, de vieilles dames vêtues de noir semblent figées dans une attitude éternelle que notre passage ne semble certainement pas affecter. Plus loin, des hommes presque aussi courbés prolongent sans doute des discussions séculaires.

L'accord semble parfait avec ce paysage qu'on perçoit modelé par l'homme depuis toujours. Ce qui, de loin, passerait pour une forêt, se transforme au passage, en champs d'herbe verte et tendre ombragée d'arbres qui maintiennent une saine distance entre eux, sans doute en attendant ces troupeaux de moutons qui se cachent dans les replis des collines. Partout, des fleurs assez denses parfois pour colorer de violet ou de jaune des champs entiers ou donnant aux arbres des airs de fêtes.

De Le Portugal... en passant par l'Espagne
Plus loin, l'autoroute reprend ses droits car il faut bien arriver à Lamégo et prendre le (long) temps qu'il faut pour repérer cet Hotel Parque caché à l'ombre de l'église Nossa Senhora dos Rémedios, point d'arrivée d'un monumental escalier où certains s'agenouillent. Ont-ils gravi ainsi toutes ses marches ? Je ne saurais en témoigner. Au moins ai-je aperçu des genouillères chez cette femme qui avait sans doute une faveur particulière à demander pour l'enfant qu'elle tenait dans ses bras.

vendredi 23 avril 2010

En route vers Mérida

Au troisième jour, après une dernière visite à Pauline, en route vers le Portugal, mais par étapes car Porto est bien loin de Malaga. Aussi notre objectif aujourd'hui est-il d'atteindre Mérida à environ quatre cents kilomètres de notre point de départ.

En quittant Malaga, la route sinue dans une vallée ceinturée de pics que le printemps a peint d'un vert éclatant. Ici et là, des massifs de fleurs font la fête: des lauriers blancs ou roses plantés le long des routes, mais aussi des tapis jaunes ici, violacés plus loin. En quittant la vallée, juste après les massifs de Torcal que nous avions explorés lors d'un voyage précédent, nous prenons la direction de Séville. Cette fois les montagnes cèdent la place à une plaine vallonnée: des forêts d'oliviers, découpées par la géométrie des rangées de vigne qui commence à peine à verdir, car ici, on taille sévèrement et les ceps noueux ressemblent à des poings sortis de terre d'à peine 40 centimètres.

Au delà de Séville, en direction nord vers Mérida, les collines plus pentues sont couvertes de forêt, mais plus loin le terrain se prête mieux à l'agriculture et les collines se parent à perte de vue d'une herbe éclatante de vert, qu'aucun arbre ne semble limiter. Parfois un troupeau de mouton se cache dans un vallon. Plus loin c'est un village. Mais l'autoroute défile à telle allure qu'on a peine à les voir.

Un dernier mot sur les autoroutes - cela devient mon dada. Depuis un an j'ai vu des routes d'Italie, de France, de Suisse et maintenant d'Espagne. Ma conclusion, c'est qu'il faut vraiment un plan concerté pour avoir les routes qu'on a au Québec. La nature et le climat ne peuvent à eux seuls y arriver, car il gèle et il neige aussi dans les Alpes.

jeudi 22 avril 2010

L'Espagne... avant le Portugal

Les dieux ( lesquels... les jeux sont ouverts !) nous ont été favorables. Les cendres islandaises se sont apaisées. AirTransat a choisi la route directe vers Malaga. Germaine a même retrouvé son passeport à temps. Quoi de mieux ! Bien sûr l'aéroport de Malaga est plus achalandé qu'à l'ordinaire et les délais au débarquement, à la douane, aux bagages s'additionnent.

Mais le soleil est là ! L'hôtel nous attend avec son comité de réception que Pauline la soeur de Germaine, a bien organisé. Elle nous accueille avec le cousin Normand, avec Lise une amie d'enfance et tous ces gens de Chicoutimi (pardon, de Saguenay faut-il dire!) qui ont entendu parler de la venue de la « petite soeur » de Brossard. La fatigue du voyage compte pour bien peu quand nous pouvons terminer la journée devant un bon repas bien arrosé dans un restaurant fort accueillant de Torremolinos.

Les heures sont aussi mélangées que le climat: dormons-nous en plein jour? Veillons-nous au coeur de la nuit ? Quelle heure est-il: quatre heures du matin ou dix heures du soir ? Mais qui donc a eu l'idée saugrenue de demander d'être réveillé à une telle heure ? Pas d'importance, nous de dormions pas quand le téléphone a sonné et qu'un « cocorico » a répondu à notre « allo » incertain. Mais on s'est bien repris par la suite et nous voilà tout ragaillardis pour aller déjeuner chez Pauline quand, ici, l'avant-midi s'achève presque.

Journée de villégiature, de flanâge sur la San Miguel, d'un saut dans la piscine encore bien fraîche, d'apéritif. Le tout se termine par d'autres agapes bien justifiées celles-là: c'est l'anniversaire de Micheline, une amie de Brossard. Comme quoi, il faut voyager pour rencontrer tous ces gens qu'on pourrait fréquenter plus souvent si on restait à la maison !